mardi 23 avril 2024
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Djiido et Tefana, ensemble pour amplifier les langues du Pacifique

Depuis leur création successive, 1984 pour Te Reo o Tefana et 1985 pour Radio Djiido, les fondateurs dont faisaient partie les leaders souverainistes Oscar Temaru et Jean-Marie Tjibaou, ont entamé des discussions pour un partenariat entre les deux structures. A l’ère du numérique et des nouvelles technologies d’information, ce partenariat devient inévitable, il est donc temps de passer de la parole à l’action.

Les deux radios émettent sur la même fréquence, le 97.4 FM, signe de l’existence d’un pacte conclu entre les anciens dans les années 80, que les générations d’aujourd’hui vont devoir concrétiser au travers d’un partenariat pérenne, comme l'a souligné Kengy Wiwale-Hauata, l'une des responsables de Radio Djiido en visite à Tahiti : "Nos deux vieux ont déjà conclu un pacte entre eux, et nous il nous reste à concrétiser ce pacte et surtout de mettre en place ce partenariat qui est très important, parce qu'on a le même langage et la même revendication très forte, pour que l'Etat colonisateur nous laisse en paix"

Valorisation des langues autochtones du Pacifique

Au-delà de cette considération, c’est en prenant part des déclarations de l’ONU que les deux radios se positionneront sur la « Décennie des langues vernaculaires 2022-2032 ». Ce premier volet partenarial, consistera ainsi à mettre en place des actions communes pour la valorisation des langues autochtones de Kanaky et de Ma’ohi Nui, avant de s'étendre vers d'autres pays du Pacifique comme l'a précisé Aldo Raveino, directeur générale de Te Reo o Tefana : "ça va encore plus loin, puisque d'autres radios d'autres pays vont également s'associer à ce partenariat, notamment Wallis et Futuna, un troisième pays français dans la région, des pays anglophones comme le Vanuatu, Fidji, et Salomon. Il y a ce lien qui commence à se tresser entre ces différents pays, avec nos outils, avec nos moyens de communication c'est à dire avec nos radios respectives"

Les deux structures vont donc échanger des informations d'actualité, des émissions thématiques ou encore des programmations musicales propres à chacune. Grâce aux outils d'internet, des émissions seront également programmées en direct, de sorte que les Polynésiens vivant en Kanaky puissent apprécier en temps réel l'actualité de leur pays d'origine, et vis versa pour les Kanaks vivant en Polynésie. Les cultures des deux pays seront bien évidemment mises à l'honneur et les différentes communautés ma'ohi et kanak en seront les principaux acteurs concernés.

 

Extraits du Journal de TNTV du 16/09/2022

 

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Une militante au franc-parler

En plus d'être représentante de l'USTKE, plus grand syndicat calédonien, Kengy Wiwale-Hauata est aussi militante souverainiste au sein de l'Union calédonienne qui regroupe toutes les forces indépendantistes du pays et les Océaniens résidant en Kanaky. Sur fond de combat politique, son franc-parler écrit dans un langage claire, un nouveau et juste discours, "la France n'est rien sans nous, sans le Pacifique, s'il n'y a pas les Outremers. D'ailleurs c'est Macron qui le dit, la France serait moins belle sans les pays et territoires d'Outre-mer".

Sur le positionnement de l'Etat dans la région océanienne, "le président Macron veut affirmer sa souveraineté dans le Pacifique à travers la ZEE. D'ailleurs il l'a bien montré puisqu'il a fait venir trois rafales qui se sont posés à Tahiti et en Kanaky. Il veut affirmer la puissance de l'armée française pour protéger entre guillemets le Pacifique, puisqu'en face on a la Chine, la Russie, la Korée et tous ces pays communistes qui sont autour et qui commencent à rentrer dans le Pacifique, notamment au Vanuatu qui vient de signer un traité avec la Chine. Donc tout ce je peux dire maintenant, c'est que le président Macron commence à avoir la pétoche".

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Kengy Wiwale-Hauata, responsable de radio Djiido

Dans la continuité de la lutte souverainiste, la responsable de la radio militante rappelle les propos du regretté Eloy Machoro, "la lutte ne doit pas cesser faute de leaders et de combattants", et les explique en s'adressant aux Ma'ohi : "Il ne faut pas baisser les bras, au contraire il faut continuer ce combat, ne pas se décourager même si l'Etat colonial met des battons dans les roues, et fait tout ce qu'il faut pour diviser pour mieux régner", avant de préciser que "l'Etat a une dette envers les pays d'Outre-mer, notamment envers vous ici par rapport au nucléaire, il doit la payer à vie, tout comme la dette envers nous peuple de Kanaky et il doit la payer".

Suite au dernier référendum imposé par l'Etat en pleine crise sanitaire, vu comme un rejet du peuple kanak, "nous en Kanaky, on ne lâche pas l'affaire, au contraire. On est devenu encore plus dur, plus tenace. On est des grands guerriers dans le Pacifique. On est des aito et soyons des aito jusqu'au bout, pour la pleine souveraineté de nos pays respectifs".

 

Propos recueillis par Revatua Tangi