La manifestation "Ma'ohi lives matter" rassemble près de trois mille personnes

Lundi 19 juillet 2021 - Le collectif "Fait nucléaire en Polynésie" en collaboration avec le parti indépendantiste "Tavini Huiraatira", l'association 193, l'église protestante Ma'ohi, le collectif Mata Atea a appelé la population à se mobiliser, samedi 17 juillet 2021, en commémoration du premier tir nucléaire aérien "centaure" de 1974.

Ils étaient près de trois mille personnes à manifester en deux points de départ, depuis le stade Willy Bambridge à Tipaerui, et le parc de l'ancien hôpital Mamao à Papeete. Parmi les personnalités importantes, figurait, le président du Tavini Huiraatira Oscar Manutahi Temaru, Minarii Galenon du Conseil des femmes, Anthony Géros, Valentina Cross, Richard Tuheiava, Thilda Harehoe, Cécile Mercier, Teumere Atger représentantes Tavini à l'assemblée, maître Stanley Cross, Gilles Tehau Parzy du collectif Mata Atea, le député Moetai Brotherson, le pasteur Mitema Tapati de l'église protestante ma'ohi, frère Maxime Chan et Père Auguste Uebe-Carlson de l'association 193, Heinui Le caill du conseil d'administration de Te Reo o Tefana, Jaros Otcenasek du syndicat des pêcheurs.

Dès 9h le cortège s'est déplacé vers Tarahoi où un hommage a été rendu au Metua "Pouvanaa a Oopa". La cérémonie était suivi par des discours, des témoignages et des prestations. Une délégation de près de 400 personnes ont fait le déplacement depuis les îles sous-le-vent à Tahiti. Parmi les manifestants, des enseignants, fonctionnaire d'état, des employés d'entreprises privées, des collectifs de lutte pour l'environnement, de la société civile, de Moorea et des communes de Tahiti se sont levés pour connaître et surtout découvrir pour la plupart ce qui était au cœur de ce rassemblement: "les essais nucléaires et ses conséquences sur le territoire polynésiens".

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 Lors de son discours, place Tarahoi, le président du Tavini huiraatira lançait : "Monsieur le président de la République rendez à César ce qui est à César, la kanaky au peuple kanak, Ma'ohi nui au peuple Ma'ohi et c'est de votre responsabilité, c'est ça la mission de tous les pays colonisateurs, d'accompagner et d'aider tous les peuples dont ils ont la charge à prendre leur destin en mains. Si vous venez pour ça en Polynésie, on peut se rencontrer, sinon ce n'est pas la peine."

Toujours dans son allocution, le président indépendantiste a tenu à remercier le président de la République pour ses propos tenus à Alger en février 2017 où il déclarait : "la colonisation est un crime contre l'humanité, vous êtes en plein dedans monsieur le président, aujourd'hui il faut joindre les paroles à l'acte, nous ne sommes plus seuls, c'est le monde entier qui nous suit et nous regarde. L'indépendance selon Larousse : "c'est le bonheur suprême d'un peuple, arrêtez votre politique d'intimidation, nous sommes tous des frères et sœurs".

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Le collectif dans son programme a donné la parole à plusieurs personnes, victimes et témoins des conséquences des essais nucléaires. L'histoire la plus poignante que l'on va retenir est celle de Hinamoeura Cross, atteinte d'une leucémie myéloïde chronique, diagnostiqué en 2013 : " À 24 ans, je me voyais prendre la chimiothérapie orale sans souci, à 32 ans, 8 ans de chimiothérapie sont devenus extrêmement lourds, je ressens véritablement que je vis avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête, en effet, il m'arrive de vouloir arrêter mon traitement en ayant pleinement conscience des conséquences dramatique que pourraient avoir ses carrés. 60 d'asservissement et d'endoctrinement de la part du puissant État français."

Hinamoeura Cross n'a pas seulement rappelé les effets de sa maladie, elle a aussi fait état des propos qui ont été tenus depuis Pouvanaa a Oopa avec Charles De Gaulle qui disait que "les essais étaient propres" en passant par Jacques Chirac aussi en 1995, et jusqu'à  Geneviève Darrieussecq en 2021, ministre en charge de la mémoire et des anciens combattants : "il n'y a pas eu de mensonge d'État mais des interprétations", à Dominique Sorain, l'actuel Haut-commissaire de la République en Polynésie française qui disait : "il n'y a pas plus de malades en Polynésie qu'en France...donc en 60 ans, il n'y a pas eu de réelles évolutions sur la considération de l'État vis-à-vis de notre peuple donc à mon peuple, ne te laisse plus manipuler et n'est plus peur de parler".

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