Ce n'est pas la première fois que des incendies se déclarent "accidentellement" au centre d'enfouissement technique de Paihoro à Taravao. Les causes sont pourtant connues et ce, depuis plusieurs années. Le mauvais tri à la base, lors des ramassages des déchets encombrant effectués par les équipes communales, est pointé du doigt. Et ce n'est pas faute d'avoir été sensibilisées à ce problème qui perdure depuis près de 20 ans. Benoit Layrle, directeur de Fenua Ma qui est gestionnaire du CET de Paihoro, attire une fois de plus l'attention des autorités communales : "les équipes de collecte, on les voit trop souvent prendre tout en même temps. Mais non, ce n'est pas comme ça qu'on travaille. Donc tout ça va être remis à plat, peut être que ça va prendre plus de temps, mais ça avancera".

Des mesures ont été suggérées depuis plusieurs années, afin d'améliorer la gestion des déchets de manière générale, que bon nombres de communes ont visiblement encore du mal à appliquer. Mais le directeur ne baisse pas les bras : "une des avancées qu'on suggère à nos équipes communales depuis plusieurs années maintenant, c'est la mise en place de déchetteries publiques où les gens vont venir par eux mêmes pour déposer leurs déchets encombrants, assistés par un gardien pour identifier les déchets".

Au delà de cet aspect structurelle, Fenua Ma apportera son expertise pour une meilleure formation des agents municipaux en charge de la collecte des déchets. "Des équipes municipales sont arrivées dans Fenua Ma, il y a des nouveaux, des anciens, mais quoiqu'il arrive, on va reformer tous les éboueurs et toutes les équipes progressivement, sur la vigilance du tri des déchets", a confirmé son directeur.

Un incendie de cette taille mobilise du monde, et notamment des entreprises privées pour remblayer les casiers en feu, comme Enviropol, La Baye et Brotherson. Le coût de l'opération, estimé entre 20 et 40 millions de francs, sera évidemment pris en charge par Fenua Ma. Mais il faudra s'attendre à ce que des sanctions sous forme de pénalités financières soient appliquées, à l'encontre des communes, mais aussi des entreprises publiques et privées. Le directeur de Fenua Ma lance un avertissement : "on a mis en place des pénalités financières pour les gens qui font n'importe quoi, qui ne sont pas vigilants ou qui ont manqué de vigilance. Je pense qu'on va les appliquer de façon plus sévère. On tolère que les gens sont prévenus et puis au bout d'un moment ça tombe". Ces pénalités financières peuvent monter jusqu'à 100 000 FCFP par constat.

Face à l'ampleur de l'incendie, Benoit Layrle n'a pas caché sa déception : "on fait tout pour qu'on ait moins de remords, parce que là ce qui nous arrive, on "emmerde" tout le monde et nous aussi, et on est tous déçus".

Sources : Tahiti Infos