Il ne s'agissait pas de s'étaler dans un débat politique ou juridique comme l'a précisé en préambule Aldo Raveino, directeur de Radio Tefana, mais "d'apporter le soutien de l'ensemble du personnel à l'action menée par Oscar Temaru", dans sa grève de la faim pour aussi sauvegarder la radio, en parallèle à la procédure en cours à son encontre. Mais ce fut également l'occasion pour la direction de Radio Tefana de préciser, au regard de l'amende des 100 millions de francs prononcée à l'encontre de la station : "100 millions ! On les a pas, que les choses soient bien claires". Aldo Raveino n'hésitera pas à déduire de cette affaire, au vu du montant de l'amende, précisant que "ça veut dire tout simplement que la justice veut fermer la radio, et en même temps bien évidemment avoir la tête d'Oscar Temaru. Un procès politique", rajoutera-t-il, "et les preuves sont dans le jugement", car selon le directeur, aucune preuve matérielle n'avait été versée au dossier qui tenteraient à démontrer l'aspect propagandiste de la radio, fondement même d'une condamnation à une amende aussi élevée.

La radio des Polynésiens

Plus de 35 000 personnes en moyenne écoutent Radio Tefana chaque jour, au bout de 35 années de fidélisation. Avec 20% des parts de marché, Radio Tefana devient la radio la plus écoutée, la radio des Polynésiens", a tenu à préciser le directeur. Dans le cadre d'une convention de partenariat, Radio Tefana est devenue le porte-voix de la Commune de Faa'a, pour toutes les actions menées par les autorités municipales dans tous les domaines : politique, économie, social, culture, jeunesse, environnement, sports, éducation, etc. La radio communale de Faa'a s'est mise aussi au service des nombreuses associations, des différentes confessions religieuses, des établissements scolaires publics et privés, des institutions de Faa’a mais également d’ailleurs dans toute la Polynésie. Durant de longues années, Radio Tefana a également développé un journalisme pluraliste, couvrant un large panel d’informations d’actualité avec une analyse personnalisée mais objective, au service de tous les Polynésiens. "Nous faisons tous le même travail", a déclaré le directeur de Radio Tefana en s'adressant aux médias présents. "Nous allons continuer à travailler, nous allons continuer à oeuvrer au service des Polynésiens, pour défendre la liberté d'être ma'ohi", a-t-il précisé.

C'est vraiment pour nous couler !

Radio Tefana fonctionne avec une subvention de 20 millions de francs et avec autant sinon plus en ressources propres. Cette subvention attribuée par la commune de Faa'a est valorisée chaque année, comme l'explique le président du conseil d'administration, Heinui Le Caill : "Quand on demande une subvention, elle est cadrée, elle correspond à un service rendu au administrés et à la commune de Faa'a. Il n'y a pas de vol, il n'y a pas de détournement de fonds". Quant à l'inégalité de traitement avec d'autres radios communales subventionnées, comme il l'a soulevé, "une autre radio sur une autre île beaucoup plus subventionnée, et là monsieur Leroy ne va pas regarder dedans. Il y a aussi une autre radio pas très loin de Faa'a qui est également subventionnée par une mairie, et monsieur Leroy ne va pas regarder dedans non plus. Donc pourquoi s'arrête-t-il à Radio Tefana, il n'a qu'à aller jusqu'au bout des choses ! Là on a le sentiment que c'est vraiment pour nous couler".

Une équipe déterminée

Les conséquences de la fermeture de Radio Tefana, comme l'indique son directeur, "équivaut à dire qu'on va priver les Polynésiens d'une liberté d'information, d'une liberté idéologique, mais aussi la liberté d'être Ma'ohi aujourd'hui, et pour finir priver 11 familles de revenus". Les employés de la radio ont tous le même objectif, celui de sauvegarder leur outil de travail afin de le faire évoluer. En attendant, avec toujours autant de dynamisme et de bonne humeur, l'équipe d'animation ouvre l'antenne tous les matins, pour donner aux nombreux auditeurs le droit de s'exprimer librement sur un thème d'actualité. Actuellement, des dizaines d'appels téléphoniques sont enregistrés en direct chaque matin sur la question de la saisie des fonds d'Oscar Temaru par le procureur général. Un rendez-vous matinal d'expression libre, "Mana'o to'oe" de 9H à 11H au 44 27 97.