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Et si les bateaux arrêtaient la desserte...

Vendredi 3 avril 2020 - La solution du Gouvernement pour maintenir la desserte inter-insulaire, est de distribuer des Fare OPH dans les îles et ainsi de permettre aux armateurs non seulement de gagner un peu de fret, mais aussi de l'aider à récolter des voix en naviguant entre les deux tours des municipales.

Au début des années 70, le transport maritime inter-insulaire a été classé dans une catégorie d'activité économique répondant à une mission de service publique. Jusqu'à aujourd'hui, les gouvernements successifs ont toujours administré cette activité. Les ministres des transports maritimes gardent la main sur les attributions des licences de transports et aux travers des commissions consultatives et tripartites, ils décident des tarifs pour le fret et les passagers, en appliquant des formules savantes sorties tout droit des bureaux de l'administration. Il s'agit donc bien d'un service public piloté par une administration qui peut décider à tout moment de placer tel ou tel navire sur telle ou telle ligne, généralement en fonction de son pavillon électoral.

Des pertes d'exploitation qui peuvent coûter très cher au Gouvernement

Cette situation réglementaire a favorisé la "clanification" entre armateurs, lorsqu'à la tête du gouvernement est prônée la politique du "diviser pour régner". Mais depuis le début des années 90, des compagnies maritimes se sont regroupées pour former la Confédération des armateurs de Polynésie, toujours active en tant que seule organisation professionnelle. C'est dans ce cadre que la compagnie exploitant le Aranui avait eu gain de cause devant le tribunal administratif contre l'Etat et le Gouvernement, pour avoir subi des pertes d'exploitation dues à une grève des marins et dockers en 1992, pendant laquelle aucune mesure n'avait été prise par les autorités pour la sécurité des navires et la sauvegarde de l'activité. L'autorité mandatant une mission de service public a donc été tenue d'assumer ses responsabilités quant aux pertes d'exploitation qu'avait subi l'armateur.

La solution est de distribuer des Fare OPH

Dans le cas de la crise sanitaire du Covid-19, la situation n'est certes pas la même. Néanmoins, les armateurs parlent déjà de perte d'exploitation de l'ordre de 80% depuis le début du confinement. Le fret à destination des îles reste à quai à Papeete, en raison de la baisse de la consommation et de l'arrêt de l'activité économique dans les archipels, comme le tourisme. Parmi les premières mesures que devra prendre le Gouvernement devant l'insistance des armateurs, on notera la baisse du coût du carburant et des charges portuaires. Mais au-delà de ces mesures, sous l'impulsion du ministère en charge des transports inter-insulaires, le Gouvernement va accélérer les démarches d'attribution des Fare OPH dans les îles, et ainsi augmenter le fret des armateurs aux moyens de matériaux de construction, avec en trame de fond, des embauches de mains d'oeuvre locales. Une façon de gagner encore des voix, entre les deux tours.