L'évolution de l'éducation et la place de l'histoire indigène au fil du temps.
Cet article propose de retracer l'histoire de l'enseignement en Nouvelle-Calédonie depuis la période coloniale jusqu'à l'époque contemporaine. Nous examinerons également la place de l'histoire indigène dans cet enseignement et comment elle a évolué avec le temps. Pour cela, nous nous appuierons sur des informations récentes et l'avis d'historiens, notamment les travaux de Christiane Terrier, auteur de l'ouvrage "Vers une école pour tous, l'histoire de l'enseignement en Nouvelle-Calédonie des années 1840 à 2000".
La période coloniale
L'enseignement en Nouvelle-Calédonie débute avec l'arrivée des missionnaires européens au milieu du XIXe siècle. Les premières écoles sont créées dans le but d'évangéliser et d'éduquer la population indigène. Les programmes sont principalement centrés sur la religion, la langue et la culture françaises, laissant peu de place à l'histoire et la culture locales.
La période de l'assimilation (1946-1984)
Après la Seconde Guerre mondiale, la Nouvelle-Calédonie devient un Territoire d'outre-mer français. L'enseignement se rapproche progressivement du modèle métropolitain, avec une volonté d'assimilation culturelle. Cependant, l'histoire indigène reste largement absente des programmes scolaires, malgré les revendications croissantes des populations locales.
L'émergence d'une identité culturelle et la prise en compte de l'histoire indigène (depuis 1984)
Suite aux accords de Matignon (1988) et de Nouméa (1998), l'enseignement en Nouvelle-Calédonie connaît une profonde réforme. Les programmes sont désormais élaborés localement et intègrent davantage l'histoire et la culture indigènes.
Christiane Terrier, auteur de "Vers une école pour tous", souligne cette évolution : "L'école en Nouvelle-Calédonie a longtemps été un instrument de domination et d'assimilation culturelle. Aujourd'hui, elle tend à devenir un lieu d'échange et de valorisation des différentes cultures présentes sur le territoire."
Les défis actuels de l'enseignement en Nouvelle-Calédonie
Malgré les progrès réalisés, l'enseignement en Nouvelle-Calédonie fait toujours face à des défis importants, tels que la lutte contre les inégalités scolaires entre les différentes communautés et la prise en compte de la diversité culturelle et linguistique du territoire.
L'exemple de l'apprentissage des langues autochtones en Nouvelle-Calédonie
La Nouvelle-Calédonie est un territoire riche en diversité linguistique, avec près de 30 langues autochtones répertoriées. Face à cette richesse culturelle, des efforts sont déployés pour intégrer l'apprentissage de ces langues dans le système éducatif. Plusieurs écoles proposent désormais des cours de langues kanak en complément du français, favorisant ainsi la transmission et la préservation de ces langues menacées.
Selon les spécialistes et les linguistes, cet apprentissage contribue à la vitalité de l'environnement linguistique en Nouvelle-Calédonie et renforce la cohésion sociale. Jacques Vernaudon, linguiste et chercheur, explique : « Les langues kanak sont en situation de diglossie avec le français qui est la langue officielle, la langue de l’éducation, de l’administration, des médias et du monde du travail. La diglossie met en présence une langue H, dite « haute » ou dominante et une langue B, dite « basse » ou dominée. »
Cependant, des défis demeurent pour assurer la pérennité et le développement de ces langues, tels que la formation des enseignants et la création de matériel pédagogique adapté. Les institutions et les associations locales travaillent conjointement pour relever ces défis et permettre à l'ensemble des élèves de Nouvelle-Calédonie d'accéder à une éducation plurilingue et interculturelle.
Conclusion :
L'histoire de l'enseignement en Nouvelle-Calédonie témoigne d'une évolution majeure depuis la période coloniale jusqu'à aujourd'hui. La place de l'histoire indigène dans les programmes scolaires a considérablement progressé, et l'apprentissage des langues, de l’histoire et de la culture autochtones s'intègre de plus en plus au système éducatif. Cependant, des défis subsistent pour une meilleure prise en compte de la diversité culturelle et linguistique et pour assurer l'égalité des chances pour tous les élèves du territoire.
Sources :
- Christiane Terrier, "Vers une école pour tous, l'histoire de l'enseignement en Nouvelle-Calédonie des années 1840 à 2000", Éditions L'Harmattan, 2003
- UNESCO, "La diversité linguistique en Nouvelle-Calédonie : un atout pour l'éducation"
- Vernaudon, Jacques. (2010). Les langues kanak face aux défis de l’enseignement bilingue et de la recherche en Nouvelle-Calédonie. Hermès, La Revue, (57), 139-145.
- Vernaudon, Jacques et Fillol, Véronique (dir.) (2009). Atlas linguistique de la Nouvelle-Calédonie, Nouméa : IRD/MONÉDÉA, 308 p.